Newsletter du gouvernement d’Artsakh – 107eme jour de blocus

1. Les forces armées azerbaïdjanaises ont récemment entrepris de graves provocations à l’encontre de la population d’Artsakh en violation des engagements pris dans le cadre de la déclaration trilatérale 

Le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan a déclaré avoir constaté en Artsakh l’aménagement d’une nouvelle route Stepanakert – Daybalishen – Lissagor avec le déploiement d’ingénieurs et de matériel spécial.  La partie azerbaïdjanaise interprète ce fait par une prétendue volonté de la partie arménienne de transporter par cette route des armes et munitions en Artsakh. 

Le ministère de l’Aménagement du territoire et des infrastructures de la République d’Artsakh a déclaré à cet égard que ladite route n’est utilisée qu’exclusivement pour les besoins de transport de civils et de marchandises humanitaires compte tenu du blocage depuis le 12 décembre par les agents du gouvernement azerbaïdjanais de l’unique voie reliant l’Artsakh au monde extérieur, le corridor de Latchine. La route Stepanakert – Daybalishen – Lissagor accidentée et montagneuse, est l’unique voie intercommunale d’Artsakh permettant de contourner le secteur bloqué de la chaussée de Chouchi, des travaux de mise aux normes y étant nécessaires pour assurer une circulation relativement sûre et fluide. En manipulant la thèse de transport d’armes et de munitions, la partie azerbaïdjanaise tente d’induire en erreur la communauté internationale et de préparer le terrain à une campagne de désinformation pour entreprendre de nouvelles provocations contre la population civile d’Artsakh. 

Le 25 mars, les forces armées azerbaïdjanaises ont franchi la ligne de contact avec l’Artsakh et ont progressé sur le territoire de la République d’Artsakh. Les autorités d’Artsakh ont immédiatement informé le commandement russe de maintien de la paix de cette nouvelle violation brutale. 

Après l’avancée des positions azerbaïdjanaises dans le secteur Stepanakeert-Lissagor surplombant la route Stepanakert – Daybalishen – Lissagor, les soldats russes de maintien de la paix ont pris position sur la butte concernée et contrôlent celle-ci. La partie russe a parallèlement entamé des pourparlers avec la partie azerbaïdjanaise pour faire reculer les forces azerbaïdjanaises à leur position initiale. Dans le même temps les unités de l’armée de Défense d’Artsakh ont pris des mesures adéquates pour prévenir les provocations azerbaïdjanaises futures et pour assurer, le cas échéant, la sécurité de la circulation le long de cette voie montagneuse. 

Le 26 mars la police nationale de la République d’Artsakh a informé que 2 habitants du village de Sos en train d’effectuer des travaux de taille dans les vignes ont été la cible de tirs anarchiques en provenance des positions azerbaïdjanaises.

Le jour même 2 habitants du village de Taghavard réalisant des travaux de semis de blé dans leurs champs ont été eux aussi la cible de tirs d’armes à feu de la part des forces azerbaïdjanaises. 

Le 27 mars aux alentours de 9h00 des unités des forces armées azerbaïdjanaises ont tenté de franchir la ligne de contacte dans la direction de l’une des collines dominant la route Stepanakert – Lissagor. Grâce à l’action décisive des unités de l’armée de Défense de la République d’Artsakh la tentative azerbaïdjanaise a été arrêtée. 

Ces provocations n’ont fait aucune victime. Tous les incidents ont été rapportés au commandement des forces russes de maintien de la paix.

2. Le ministère des Affaires étrangères de l’Artsakh a rendu publique une déclaration relative à la violation par l’Azerbaïdjan de la ligne de contact

Le 25 mars, les forces armées azerbaïdjanaises, violant une fois de plus de manière flagrante les obligations découlant de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, ont franchi la ligne de contact avec les forces armées de la République d’Artsakh et ont progressé sur le territoire de celle-ci, en direction de la route non goudronnée Stepanakert-Lissagor.

Par de telles manœuvres, l’Azerbaïdjan cherche à renforcer davantage le blocus de l’Artsakh, coupant le seul lien entre la capitale Stepanakert et un certain nombre de communes de la région de Chouchi de la République d’Artsakh.. 

Nous espérons que les forces de maintien de la paix russes prendront des mesures effectives pour éliminer les conséquences de la violation répétée par l’Azerbaïdjan des dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, ainsi que pour en prévenir toute nouvelle violation possible.

Dans ces circonstances, il est impératif que la communauté internationale adopte une position commune ferme pour obliger l’Azerbaïdjan à revenir au cadre juridique et à mettre en œuvre ses obligations internationales.

3. Une consultation sur la défense civile s’est tenue en Artsakh avec la participation du ministre d’Etat

Un certain nombre de sujets nécessitant la réglementation du gouvernement y ont été évoqués dont en particulier la réforme de la procédure d’dentification des conscrits, la définition des métiers et compétences qui peuvent être impliqués dans la défense civile de manière effective, l’inventaire du potentiel des vétérans, des invalides de guerre et d’autres groupes et le recours à leurs compétences de manière à éviter aux conscrits l’obligation d’être intégrés aux activités en matière de défense civile.  

Toute personne participant aux activités d’organisation de la défense civile recevra prochainement une carte où seront indiqués le rôle, les tâches et les obligations du titulaire.

4. Le 24 mars 12 malades ont été transportés en Arménie par le CICR

8 patients transportés en Arménie précédemment pour y recevoir des soins médicaux adaptés ont été rapatriés en Artsakh accompagnés du CICR. 

Le transfert des malades d’Artsakh vers l’Arménie continue à s’effectuer exclusivement avec la médiation et l’accompagnement du Comité International de la Croix Rouge. 

Au 27 mars, 215 malades au total ont ainsi pu être transportés en Arménie par la Croix Rouge.

5. Le Défenseur des droits de l’Homme d’Artsakh en visite de travail en Amérique du Sud a eu un certain nombre de rencontres

En visite de travail en Amérique du Sud, le Défenseur des droits de l’Homme de la République d’Artsakh Guegham Stepanian, accompagné du député de l’Assemblée nationale de la République d’Arménie Artur Khatchatourian et le responsable du bureau sud-américain de la FRA Dachnaktsoutioun Aram Mouradian a rencontré les membres de la Chambre des députés du Congrès de la Nation argentine Monica Fayne Juan Martin Mussachio. 

Guegham Stepanian a informé ses hôtes de la crise humanitaire en Artsakh due au blocus ainsi que des violations en masse des droits de l’Homme par l’Azerbaïdjan en soulignant que pour parvenir à la levée du blocus et agir contre l’impunité de l’Azerbaïdjan le peuple arménien comptait sur le soutien effectif de la communauté internationale ainsi que des Etats séparément. 

Le Médiateur des droits de l’Homme s’est rendu également en république orientale d’Uruguay où il a été reçu au Palais législatif de Montevideo pour participer à une manifestation consacrée à la reconnaissance de la République d’Artsakh.

Mises à jour statistiques quotidiennes

En raison de la suspension des interventions chirurgicales planifiées dans toutes les institutions médicales relevant du ministère de la Santé publique de la République d’Artsakh, près de 950 citoyens sont privés de la possibilité d’une intervention chirurgicale que leur état de santé impose. 

A ce jour par l’intermédiaire du Comité International de la Croix Rouge 215 patients au total ont été transférés en République d’Arménie pour y recevoir des soins adaptés. Par ailleurs, les véhicules du CICR ne disposant pas de bloc de soins intensifs les malades, même en état critique, ne peuvent y voyager allongés, l’Azerbaïdjan bloquant la circulation des ambulances de réanimation d’Artsakh, mieux adaptées à de tels transferts. 

En raison du blocus près de 3 900 personnes dont 570 enfants ne peuvent retourner dans leurs foyers. Une partie d’entre eux a été rapatriée avec l’aide du CICR et du contingent russe de maintien de la paix. 

Depuis le début du blocus aucun ressortissant d’Artsakh n’a pu circuler librement le long de la route Stepanakert-Goris. La circulation dans hommes dans les deux sens a diminué de 168 fois, les rares cas n’étant possibles que grâce à l’intervention du CICR ou des forces russes de maintien de la paix (1 408 cas en 107 jours au lieu de 262 150 cas pour un même intervalle avant le blocus).   

Depuis le début du blocus aucun véhicule appartenant à un ressortissant d’Artsakh n’a pu emprunter cette route. Le mouvement des véhicules du CICR ou du contingent russe de maintien de la paix mêmes a chuté de 45 fois en 107 jours. Ainsi, au lieu de 98 440 véhicules en temps normal, 2 207 véhicules seulement ont emprunté la route dans les deux sens depuis le début du blocus. Ceux-ci appartiennent tous au CICR ou aux forces russes de maintien de la paix. 

Près de 11 fois moins de produits de première nécessité que nécessaire ont été importés en Artsakh, par le CICR ou les forces russes de maintien de la paix (3 771 tonnes en 107 jours au lieu de 42 800 tonnes). 

Depuis le début du blocus l’Azerbaïdjan a bloqué totalement ou partiellement l’approvisionnement de l’Artsakh en gaz naturel pendant 41 jours au total. Depuis 78 jours l’approvisionnement de l’Artsakh en électricité est interrompu. La pénurie d’énergie a conduit à un rationnement drastique de la distribution de l’électricité (6 heures de coupure journalière de l’électricité par ménage) ainsi qu’à une fermeture définitive totale ou partielle de nombreuses entreprises. 

782 entreprises (soit 18,3% des entreprises du pays) ont intégralement suspendu leur activité en raison du blocus. Les autres entreprises fonctionnent partiellement ou bien grâce aux subventions de l’Etat

Depuis le début du blocus à ce jour près de 9 800 personnes, soit plus de 50% des employés du secteur privé, ont perdu leurs emplois, donc leur unique source de revenus en raison des graves perturbations des infrastructures vitales. 

Ont été suspendus les travaux de construction de 32,6 km de route, de dizaines de km de réseaux de distribution d’eau, de système d’irrigation de milliers d’hectares de terres arables, de 3 717 logements, de plus de 40 infrastructures sociales et industrielles. 

Pendant la période du blocus l’économie de l’Artsakh a subi des dommages équivalent à 200 millions de dollars US. Le PIB a chuté de près de 22%. 

Faits importants

Depuis le 12 décembre 2022, l’Azerbaïdjan bloque la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises, à l’exception du Comité international de la Croix Rouge et des forces russes de maintien de la paix, le long du corridor de Latchine, l’unique route reliant l’Artsakh au monde extérieur. 

A la suite de crimes terroristes de l’Azerbaïdjan, les 120 000 habitants de l’Artsakh subissent de graves pénuries de produits alimentaires, de médicaments, de carburants et de nombreux autres produits de première nécessité. Ils rencontrent de graves problèmes liés au chauffage, à l’éducation, à l’accès à des soins médicaux et dans d’autres domaines de la vie courante. Le blocus crée ainsi une grave crise humanitaire et est source de violations en masse des droits de l’Homme fondamentaux.

En raison de pénuries alimentaires provoquées par le blocus, depuis le 9 janvier 20 établissements scolaires sont en activité partielle. A intervalles plus ou moins longs, tous les établissements scolaires ont dû suspendre totalement ou partiellement leur activité. 

Dès le début du blocus, certains produits alimentaires, notamment des fruits et légumes frais importés d’Arménie, ont commencé à manquer pour disparaître ensuite totalement du menu des familles. Compte tenu des pénuries alimentaires, dès le 20 janvier un régime de rationnement des aliments de base ainsi que de produits d’entretien a été instauré en Artsakh où les pâtes, le riz, le sarrasin, les œufs, l’huile, le sucre, certains fruits et légumes, ainsi que du produit lessive sont distribués en quantités limitées, sur présentation de tickets de rationnement uniquement. 

Pour accentuer davantage la crise humanitaire causée par ce blocus, l’Azerbaïdjan cible les infrastructures civiles de l’Artsakh, interrompant régulièrement l’approvisionnement en gaz de l’Artsakh depuis l’Arménie et coupant complètement son approvisionnement en électricité depuis le 9 janvier. Compte tenu du fait que les volumes d’électricité produite en Artsakh sont inférieurs à ceux de la consommation alors que les ressources du réservoir d’eau de Sarsang ne cessent de diminuer, à compter du 10 janvier un graphique de coupures de 2 heures journalières a été instauré, augmenté de 2 heures supplémentaires à compter du 17 janvier de 2 nouvelles heures supplémentaires à compter du 21 janvier. Ainsi, à compter de cette date, les coupures d’électricité durent 6 heures par jour au total. 

Les détails de l’impact du blocus sont présentés dans le récent rapport du Défenseur des droits de l’homme d’Artsakh « Sur les violations des droits de l’Homme individuels et collectifs résultant du blocus de l’Artsakh (Haut-Karabagh) par l’Azerbaïdjan depuis 100 jours ».
Depuis le début du blocus, de nombreux pays et organisations internationales ont condamné les agissements de l’Azerbaïdjan et appelé à la levée du blocus. Cette question a également été discutée au Conseil de sécurité de l’ONU. Le Parlement européen a à son tour adopté une résolution sans équivoque sur les conséquences humanitaires du blocus d’Artsakh.
La Cour européenne des droits de l’homme a ordonné à l’Azerbaïdjan de prendre toutes les mesures nécessaires et suffisantes pour mettre fin au blocus. La Cour internationale de justice des Nations Unies (La Haye), dans le cadre des travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, a ordonné à l’Azerbaïdjan de lever le blocus et d’assurer la libre circulation des personnes, des véhicules, et des marchandises le long du corridor de Latchine. Cependant, l’Azerbaïdjan n’a à ce jour rien entrepris pour mettre en œuvre la décision de la plus haute instance judiciaire internationale, mais de plus, commet de nouvelles violations des droits des Artsakhiotes, comme l’assassinat le 5 mars dernier de 3 policiers artsakhiotes dans une embuscade, et exacerbe constamment la situation en recourant à la force et à la menace de la force.

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